Dimanche 16 juillet 2017
Le feuilleton de l'été :
Tous les dimanches et tous les jeudi, suivez les aventures de GOOD LORD (Oh Lord ! Tome 3) avant sa parution. Cela tombe bien puisqu'on est dimanche, et que je vous ai concocté une belle couverture éphémère à partir d'une photo de Jeanlou Sieff pour Le vogue Italie de 1972.
Bonne lecture
Extrait 7
Montage Laure Elisac, Crédits photo : Jeanlou Sieff - Mode Mary Quant Vogue Italie |
Dimanche 15 mai 2011, Drayson mews, Kensigton
Eve, dans un demi-sommeil, perçut
du bruit dans la salle de bain, suivi des pieds nus de Gerry et la dépression
du matelas tandis qu’il se lovait contre elle. Elle avait vite réalisé que les dimensions
démesurées de son lit étaient de l’esbroufe, parce que Gerry appartenait au
genre collé serré, du coucher au réveil. Elle sentit la forme familière de
Mister Majestyk contre ses fesses. Celui-là aimait le collé serré encore plus
que son maître. Elle était courbaturée de la veille et son utérus s’était réfugié
quelque part entre son estomac et sa gorge. Gerry ferait un tabac dans les
hôpitaux pour lutter contre les descentes d’organe.
Il remua des hanches avec insistance.
Eve passa un bras en arrière pour le cajoler distraitement et marmonna un « quelle
heure est-il ? »
– Treize heures, répondit-il en lui
mordillant le lobe de l’oreille.
Le salaud s’était douché et brossé
les dents, Eve se demandait où il puisait cette énergie. Elle le sentit qui cherchait
un chemin entre ses fesses pour y loger son extension de cerveau, extension qui
présentait la taille d’un salami, mais ce n’était pas l’idée qu’Eve se faisait
d’un petit déjeuner au lit. Elle pivota pour lui faire face et assurer la
sécurité de ses arrières.
– Si je prends l’habitude de rester
dormir avec toi, il va falloir qu’on établisse quelques règles.
Il lui tendit la bouteille d’eau
minérale qui ne quittait jamais sa table de chevet. Elle en avala quelques lampées
tout en l’écoutant protester.
– L’homme a toujours une érection
au réveil, je n’y peux rien ! Reproche-t-on à une boussole de brandir son
aiguille vers le Nord ?
Il frotta son aiguille contre le
ventre d’Eve.
– Oh ! Vise-moi ça, dit-il, en
empoignant ses bourses avec adoration, on dirait que papa Noël est passé ce
matin, tu ne veux pas ouvrir tes cadeaux ?
– Non, parce qu’hier soir Santa
Claus a oublié d’enlever ses bottes avant de s’introduire la cheminée, il me
semble même qu’il est descendu avec son traîneau et ses rennes ! Le
conduit est fermé pour cause de contrôle technique.
– Tu ne dis jamais non d’habitude.
– Je suis obligée si je ne veux pas
finir tétraplégique.
Gerry fit la moue. Eve ébouriffa ses
cheveux. Ils étaient légèrement dégarnis sur les côtés, mais ils offraient
encore une belle épaisseur. Il les teignait dans un salon de coiffure hors de
prix. Le travail était réussi, le coloriste préservait ses tempes grisonnantes
et couvrait le reste d’un blond ambré.
– Écoute, continua-t-elle, je n’aurais
jamais cru dire ça un jour, mais Gerry, ton chibre est trop grand ! Ton chibre
est trop grand, tu bandes trop dur et trop longtemps. Je suis épuisée.
Il s’appuya, dos contre le mur et
croisa les bras sur sa poitrine.
– C’est malin, tu aurais pu prévenir
avant !
– Avant quoi ? Je suis
réveillée depuis cinq minutes !
– Rien, laisse tomber.
Il repoussa les couvertures pour s’asseoir
au bord du lit. La chair amollie sous le bombé de sa poitrine, provoquait des
élans de tendresse chez Eve.
– Arrête, dit-elle en l’entourant
de ses bras. Ne joue pas les gamins. J’ai envie de faire l’amour, mais il y a
des tas de façons de jouir sans envoyer Mister Majestyk à la mine.
Elle saisit sa main robuste et
l’embrassa. Comme son nez cassé, ses mains évoquaient celles des boxeurs, sauf pour
leur ridicule douceur, due aux soins pratiqués par la manucure du salon de
coiffure. Elle la posa sur l’un de ses seins. Sceptique, il l’observa pendant
qu’elle manœuvrait. Elle se caressa avec lui un moment, jusqu’à ce qu’il oublie
qu’il tirait la tronche. Il effleura ses lèvres, et glissa son index dans sa
bouche, qu’elle suça avec application. Brusquement, il la bascula sur le dos,
sa bouche sur la sienne et sa main, lubrifiée par la salive, palpant son sexe.
Les baisers de Gerry étaient comme lui, entiers, envahissants. Elle suivit le
cheminement de ses doigts, occupés à séparer les pétales de sa vulve endolorie,
elle émit un son de protestation. Il ralentit, mais garda sa détermination,
fourrant un doigt, puis deux dans la fente qui s’humidifiait doucement. Il
grogna de plaisir au contact de la chaleur de son intimité et se mit à aller et
venir à travers les tendres parois de son vagin. Eve respira, en recherche de détente,
malgré la sensation lancinante.
– Gerry, attends.
Il se figea, peu habitué à être
rejeté, alors deux fois la même journée ? Par la même personne ?
– À quoi bon utiliser le mode
manuel si c’est pour me fourrer comme avec ta bite ? dit-elle. L’avantage
des doigts, c’est que cela te permet d’accomplir des figures inédites qui
rendraient Mister Majestyk jaloux.
Elle entreprit de le guider.
– Pour l’instant, un seul suffira,
retire ton majeur, mais garde l’autre en place. Regarde, ajouta-t-elle en agitant
le sien devant ses yeux, tu peux le plier et le déplier, faire des petits,
j’ai bien dit « petits » mouvements de gauche à droite, comme un
essuie-glace, ou tu peux pianoter à l’entrée. Même avec des séances de yoga,
Majestyk n’atteindra jamais ce niveau de virtuosité.
Pour une fois, Gerry s’abstint de
tout commentaire. Il s’appliqua à plier et déplier son majeur à l’intérieur
d’elle, à naviguer de gauche à droite. Des frissons firent dresser les poils fins
des avant-bras d’Eve. Il les contempla, fasciné.
– C’est assez ? Tu le sens vraiment ?
– Tu n’as pas idée, dit-elle en tapotant
un oreiller pour s’allonger confortablement. J’apprécierais également que tu t’occupes
de mon clitoris. L’idéal serait que tu emploies ta bouche.
Il plissa les yeux.
– Je ne fais pas ça, on en a déjà abordé
le sujet.
Eve amplifia ses soupirs et ondula
du bassin pour l’inviter à se pencher sur la question. Dubitatif, il
s’agenouilla devant elle en fronçant les sourcils. Elle écarta ses jambes au
maximum pour qu’il accède aux coroles roses foncées, luisantes d’anticipation
entre ses cuisses laiteuses.
– Tu n’es pas forcé de commencer
par la langue, tu as le droit de sentir mon parfum d’abord. Dans l’antiquité,
les Chinois soignaient les troubles de l’érection avec les phéromones.
Elle n’arrivait pas à croire qu’elle
assistait à sa première fois ! Gerry approcha son visage de sa fente et
huma timidement son sexe.
– Ça sent bon, dit-il, étonné.
Eve rit.
– Évidemment que ça sent bon, c’est
fait pour ça.
Il ferma les paupières pour respirer
à nouveau.
– C’est boisé, ça sent l’abricot… et
le chutney. Et ça donne envie de…
Il darda la pointe de sa langue en
dessous du capuchon, reprenant de concert les mouvements avec son index, car il
avait cessé de bouger quelques secondes.
Eve gémit pour encourager son
exploration. S’il mettait autant de passion à la lécher qu’à l’embrasser, elle
allait bientôt enchaîner les vagues d’orgasmes.
– Putain, Gerry ! dit-elle
quand il s’affala à côté d’elle, le menton brillant de suc. Ta grande gueule ne
sert pas qu’à sortir des blagues relou, elle mérite qu’on lui consacre un autel.
Le dieu de la lippe, en personne !
Il se frictionna le torse comme on
flatte les flancs d’un cheval qui a gagné la course.
– J’ai toujours craint que les poils
me donnent l’impression de rouler une pelle à un barbu.
– Et moi, je n’en reviens pas d’avoir
dépucelé ta bouche !
– Je l’avais tenté auparavant, mais
avec des filles épilées. Elles ne possédaient pas cette saveur fascinante. En
fait, j’ai renoncé au polissage de minous parce que je trouvais ça ennuyeux, mais
avec toi, tout goûte différemment. Et tu as apprécié comme je te touchais ?
– Aimé ? Les gens ont entendu
jusqu’à Harrods à quel point j’ai adoré.
Elle se tourna pour se blottir
contre lui. Sa bite s’érigeait comme une fusée, sauf qu’Eve n’avait pas prévu
de lancement. Par compassion, car l’érection avait l’air douloureuse, elle la
saisit pour la branler. Gerry poussa un râle de soulagement.
– Incroyable ce que tu bandes dur le
matin, et longtemps en plus ! Tu as toujours triqué comme ça ?
– Bien sûr. C’est de naissance. À l’accouchement,
ils ont cru qu’il y avait des jumeaux.
– Gerry ! Si tu ne brillais
pas tant dans le stand-up, tu aurais pu choisir une carrière dans le porno.
Il éclata de rire.
– Et j’aurais eu la mort de mes
parents sur la conscience ! Déjà quand je suis entré à l’école de théâtre
de Liverpool, ils ont tiqué, alors si je leur avais annoncé que je me lançais
dans le X ? Je doute que ma mère ait jamais vu un film de boules.
– Mais, tu aurais aimé ?
– Qu’elle en mate ? Ça aurait
été fun, on lui aurait piqué ses cassettes vidéo, avec Roger !
– Crétin !
Il retint sa respiration, car Eve,
tout en discutant, avait resserré son étreinte.
– Je n’aurais jamais imaginé que ce
serait si bien avec toi, dit-il.
– Merci, mais, avec les Inga et
Petra, que tu fourrais dans ton lit avant moi, la barre n’était pas très
haute.
– Je ne pensais pas à la baise,
enfin, si, le sexe est exceptionnel. Je n’avais jamais rencontré une femme qui
te ressemble, même Aline ne t’arrive pas à la cheville.
Eh bien ! Eve regrettait de ne
pas l’avoir enregistré. Première fois que Gerry se fendait d’un tel compliment
sur autre personne que lui-même. Voilà qui bouclerait son clapet à Dante !
– T’es pas la fille de Vivian pour
rien !
– Pardon ?
– T’arrête pas, c’était divin.
– Dans ce cas, évite de parler de
sa mère à une nana occupée à te branler !
– Désolé, mais… plus je te côtoie
et plus je suis frappé de constater combien tu tiens d’elle.
– Ton cerveau est mal irrigué, je
suis le portrait de mon Matt. Caractère de chien ? Hédoniste ? Individualiste ?
Ça te rappelle quelqu’un ?
– Tu te chantes la messe. Je
connais tes parents par cœur, toi, tu as hérité de Vivian. Elle avait ce charisme
qui faisait que tout le monde désirait être près d’elle.
Eve abandonna ses caresses.
Qu’est-ce qui lui prenait de l’évoquer à cet instant, et pour entonner ses
louanges en plus !
– Moi, je m’en souviens surtout
comme quelqu’un qui avait cette manie de semer ceux qui désiraient être près
d’elle.
– Tu n’étais qu’une gosse, et les
enfants ne devraient pas se mêler de la vie sexuelle de leurs parents. Les
tiens formaient un couple compliqué, loin de l’idéalisation qui a germé dans ta
mémoire. À mon avis, ton père n’a jamais compris la chance qu’il avait, avant
de la perdre.
– Est-ce que tu as baisé avec elle ?
C’était tellement gros qu’elle ne s’était
jamais posé la question. À cette époque, tout le monde couchait avec tout le
monde. La communauté s’apparentait à un immense lupanar. Avec un queutard comme
Gerry, c’était évident, comment n’y avait-elle pas songé avant ?
Gerry essuya son nez qui avait
recommencé à couler et s’empara de la bouteille pour en boire quelques gorgées.
Un geste pour se donner une contenance parce que s’il avait eu soif il l’aurait
liquidée en deux goulées.
– Tu as raison, ce sujet appartient
au passé, et il manque d’érotisme. Concentrons-nous sur ma branlette, Mister
Majestyk vote pour l’utilisation de ta bouche.
Il pressa sur sa nuque pour qu’elle
se courbe, mais elle résista.
– Espèce de connard ! Ainsi,
tu l’as sautée ! Matt est-il au courant ? Je suppose que oui,
peut-être d’ailleurs, que tu te l’es tapé, lui aussi ? Il n’était pas
regardant sur l’équipement de ses camarades de jeu. Il aurait tringlé une
tranche de gruyère, du moment qu’il y avait assez de trous.
– Bon sang, ça ne risque pas !
Je ne suis pas une pédale ! Note que je n’ai rien contre les tafioles,
chacun fait ce qu’il veut avec son garage à vélo, mais moi, ce n’est pas mon
terrain de jeu.
– Non, toi, ton truc, c’est de caramboler
la femme de ton meilleur ami.
– Bébé, je n’ai pas couché avec
Vivian. Elle m’a seulement fait une petite pipe, en passant. Une seule fois. T’es
contente ? J’étais déchiré, ton père s’occupait à tremper son biscuit je
ne sais où…
– Peu importe, répondit Eve, de
toute façon, je me fous d’elle. Sa vie ne m’intéresse pas.
Changeant de position, elle suçota
l’ourlet proéminent de son gland. En général, cela suffisait à l’électriser, car
elle était dotée d’un deuxième point G sur le bout de la langue, mais, présentement,
elle voyait des images de sa mère agissant de même. Merci Gerry ! Est-ce
qu’il les comparait ? Est-ce qu’elle s’en sortait mieux que Vivian ?
Elle fit un aller et retour et se redressa.
– J’ai changé d’avis, pénètre-moi.
Gerry n’était pas compliqué, ce qui
constituait une de ses principales qualités. Ses lèvres se fendirent d’un large
sourire et il attrapa la boîte de préservatifs et le lubrifiant.
– Putain, j’ai cru que je t’avais
coupé l’envie pour la journée ! Je ne sais pas ce qui m’a pris de blablater
sur…
Eve le bâillonna avec sa paume.
– Oublions cette conversation et ne
prononce plus jamais ce prénom devant moi.
– Dans quelques minutes c’est un
autre prénom que tu vas prononcer, Bébé, le room service est annoncé, et Mister
Majestyk a apporté sa carte de donneur d’orgasmes.
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